Avec le retour des cours d'éducation sexuelle dans les écoles de la province, plusieurs professeurs et intervenants ont exprimés se sentir mal outillés pour intégrer cette matière à leur cursus scolaire.
C'est pourquoi plusieurs organismes communautaires œuvrant à éduquer la population sur des enjeux de santé et d'identité sexuelle se mobilisent pour interpeller le gouvernement et les décideurs du milieu de l'éducation. On veut mettre l'emphase sur l'importance d'offrir aux jeunes une éducation sexuelle basée sur des faits, dans le non-jugement, d'une façon positive et inclusive. Il faut qu'elle soit dispensée avec le soutien d'intervenants ayant une connaissance approfondie des enjeux liés au sujet. Et c'est justement le type de services qui est offert depuis plusieurs années par des OBNL ayant développé tout un savoir autour de ces questions.
La mise en place de l'Alliance communautaire de soutien en éducation à la sexualité (ACSES), vise à faire reconnaître les expertises distinctes des six organismes impliqués. L'Alliance est composée de Bulle et Baluchon, GRIS Estrie, IRIS Estrie, CALACS Agression Estrie, S.O.S. Grossesse Estrie et Arrimage Estrie.
Louise Lelièvre sexologue et intervenante à IRIS Estrie explique la raison d'une telle initiative. « Ça fait un peu plus de deux ans qu'on se rencontre pour voir comment le communautaire s'intégrer à tout ça pour soutenir les écoles. Depuis plusieurs années des organismes comme IRIS vont dans les écoles et rejoignent déjà les jeunes, et on veut continuer à y aller. N'importe qui ne peut s'improviser un expert en la matière. Donc on est vraiment là en appui. On est aussi en lien avec les Commissions scolaires de l'Estrie et la Santé publique ». Comme ce genre d'activité n'a lieu que sur invitation seulement, ces ces organisations ne savent jamais à quel moment on fera appel à leurs services.
L'époque dans laquelle on vit présente des défis et des problématiques particulièrement complexes, en plus des notions de prévention des grossesses non-désirées, ou des infections transmises sexuellement, des sujets comme le consentement, l'identification à un genre, et l'orientation sexuelle, se sont avérés comme des incontournables lors de l'élaboration du cursus à couvrir tout au long du parcours scolaire.
La réception et la participation des jeunes est d'ailleurs très positive selon Mme Lelièvre, qui, elle-même donne des ateliers dans les écoles de la région. « Je n'ai jamais eu de groupe qui ne participait pas. Justement d'avoir quelqu'un qui vient de l'externe ça peut enlever la gêne. Ils se disent ‘' C'est vraiment quelqu'un qui connait son sujet, ce n'est pas mon prof''; ça permet à certains d'ouvrir des portes », explique-t-elle.
Mme Lelièvre fait également valoir que le regroupement de ces organismes permettra d'avoir une voix plus forte pour faire avancer leurs revendications. L'offre de service étant très différentes d'un organisme à l'autre, l'Alliance veut s'assurer que la mission de chacun soit respectée et que les ateliers et les interventions puissent être offerts selon leurs expertises distinctes.
Pour cela, les moyens financiers et humains doivent être disponibles pour que ces organismes aient les capacités nécessaires à l'animation d'ateliers et à la formation des enseignants. La disparité de moyens entre les six OBNL de l'Alliance révèle du manque de financement qui permettrait à celles-ci d'accomplir cette mission. « Tant qu'à se regrouper, si on est capables d'aller chercher un peu plus de sous pour débloquer des postes, d'avoir de nouveaux employés, on pourrait en offrir encore plus aux écoles », renchérit Louise Lelièvre.
Avec une demande qui ne cesse de croître pour ces services, l'ACSES propose un document d'aide à la planification d'activités sexo-éducatives. Il regroupe toutes les offres d'activités organisées par les six partenaires de l'Alliance afin d'aider les institutions scolaires à mieux identifier celles qui pourraient combler leurs besoins. Le guide établit aussi une distinction claire entre chacun des partenaires et de la spécificité des ateliers qu'ils offrent en classe.
Avec cette sction, le groupe espère attirer l'attention du gouvernement du Québec sur l'utilité d'avoir accès à une expertise qui occupe déjà une place importante dans les écoles de l'Estrie.