Coïncidence plate : octobre est le mois de lutte contre
le cancer du sein. Annie Faucher a reçu son diagnostic le 1er
octobre 2013. Estrieplus.com a rencontré la femme d'affaires, bien connue à
Sherbrooke puisqu'elle dirige le Liverpool depuis 24 ans.
« J'avais dit à mon médecin, tu ne me planifieras pas
un autre rendez-vous pour que j'angoisse. Quand tu vas m'appeler, tu vas me
donner mes résultats au téléphone, se soutient celle qui est copropriétaire du Liverpool avec son homme, Charles Gauthier. Mon mari était avec moi. C'est comme l'annonce à la télévision.
Tu es jetée en arrière, tu n'es plus là. C'est pour ça qu'ils te disent d'être
accompagnée. Tu n'entends plus rien. »
En mode combat
Le choc a duré 12 heures. Ensuite, Annie est embarquée dans
un mode combatif qui ne l'a jamais quittée.
« Le plus difficile a été de l'annoncer à mes enfants
et à mes employés. Mes enfants parce que tu représentes le fort, tu veux les
rassurer. Mes employés, parce qu'il n'y a pas de distinction entre Annie la
femme d'affaires et Annie la mère de famille. C'est toujours la même fille. Ici,
je suis le porte-étendard. Quand tout le monde rame, je crie le tempo en avant. »
Son leitmotiv en affaire? « Je ne lâche pas ma gang. Je
fais partie de l'équipe sur le plancher. Je ne voulais pas que mes employés se
sentent abandonnés. »
Parce qu'au Liverpool, le mois d'octobre sonne « Noël » :
on y prend les premières réservations pour les partys de bureau.
« Je ne me voyais pas aller tous les jours de décembre
au CHUS pour avoir mes traitements. Si ma vie n'était pas menacée, je voulais
les commencer en janvier. C'est ce qui s'est passé. »
Pour Annie Faucher, pas question de se faire contrôler par
la maladie.
« J'ai décidé de quand j'allais me faire opérer. J'ai
reçu mon diagnostic le 1er et j'ai subi ma mastectomie partielle le
vendredi 31, à la fin du mois du sein. »
Elle voulait la fin de semaine pour se remettre et pouvoir
faire ses appels le lundi. « Je n'ai pas arrêté de travailler. J'étais
plus tranquille, je n'ai pas porté de torpille, ni travaillé de soir. J'étais
comme Jeanne d'Arc avec son armure. Parfois, fatiguée, elle posait le genou par
terre. Mais jamais elle n'a lâché le combat. »
Apprendre à dire non
Annie Faucher est reconnue comme la « Mère Thérésa de
la Well ». Être malade lui a appris
à dire non, à écouter son corps et surtout, à prendre du temps de qualité pour
elle.
« Les gens peuvent me demander n'importe quoi et je ne
demandais jamais rien. J'ai appris à demander et les gens ont été là. C'est là
qu'on se rend compte qu'il y a du monde prêt à nous aider. »
On prend conscience que le corps vieillit et qu'il faut
l'écouter. Aussi, si la moitié de sa vie est passée, comment veut-on vivre
l'autre?
« J'ai toujours été positive, mais j'aborde la vie avec
encore plus de positivisme qu'avant. J'essaie d'être contagieuse aussi! Il faut
voir le bon côté des choses, même dans la maladie. »
Le bon côté des choses, c'est que le cancer a été détecté à
temps parce qu'Annie est de celles qui font l'autoexamen de leurs seins
régulièrement.
« La masse que j'ai détectée était un kyste vide. Mais
l'autre sein était bourré de cancer, de petites masses que je ne pouvais pas
palper. À 43 ans, tu n'es pas dans le programme de dépistage. Sans cet
autoexamen, je ne serais pas allée voir mon médecin et on n'aurait pas
découvert le cancer à un stade aussi précoce. »
Une personne particulière est à remercier pour cette
pratique de l'autoexamen.
« C'est l'infirmière de la polyvalente Louis St-Laurent
qui, en 1984, nous avait montré à faire cet autoexamen de nos seins. Elle s'appelait
Reine. J'avais 14 ans et ça m'a interpellée. Je profite de chaque occasion
aujourd'hui pour rappeler à quel point c'est important de le faire. Et on peut
le faire dans sa douche! »
Propager le message
« On a de très bons soins. Nous sommes chanceux d'avoir
un hôpital universitaire à Sherbrooke. Il y a une énorme différence entre aller
attendre 12 heures à l'urgence pour un rhume et être pris en charge pour
quelque chose de plus grave. Les médecins qui me suivaient étaient de jeunes
femmes autour de 30 ans, c'est rafraîchissant! »
La Société canadienne du cancer a demandé à Annie Faucher
d'être la porte-parole du Relais pour la vie en
2014. À ce moment, elle venait tout juste de terminer ses traitements.
« Une amie en était la coordonnatrice et j'ai adoré
l'expérience. Cette année, je suis l'ambassadrice de Sherbrooke pour la Course
à la vie CIBC au profit de la Fondation québécoise du cancer du sein. Chaque
année, j'essaie de m'impliquer dans une cause qui me touche ou qui touche
l'entreprise. Ce qui est certain, c'est que la lutte au cancer du sein le
restera encore un bout. »