Il faut compter 57 jours entre un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et le premier contact entre un intervenant et l'enfant ou la famille. Un délai inacceptable et attribuable au régime d'austérité du gouvernement Couillard, dénonce la CSN.
La situation ne serait pas unique à l'Estrie : toutefois, seule la région du Grand-Nord lui connaît un délai supérieur, soit 71 jours entre le signalement et l'intervention. Ailleurs, les délais vont de 14 à 40 jours.
« Les centres jeunesse ont subi des compressions budgétaires de plus de 50M $ depuis 2010 et il n'y a pas eu de nouvelles embauches, déplore Steve Lemieux, président du Syndicat du personnel du centre jeunesse de l'Estrie (SPCJ) affilié à la CSN. D'ordinaire, le taux moyen d'absentéisme dû à un congé de maladie oscille autour des dix pourcent et actuellement, ce taux est supérieur à 10 %! »
Une hausse de 5 % des signalements retenus complique encore plus la tâche des quelques 600 intervenants en centres jeunesses de la région. En 2011-2012, environ 40 % des signalements étaient retenus, c'est-à-dire qu'il y avait matière à enquête et à un suivi.
En 2015, 47 % des signalements ont été retenus, soit 1297 dossiers pour 2766 appels logés. À ce jour, environ 1211 jeunes sont suivis par le centre jeunesse de l'Estrie. Faute de ressources, les dossiers urgents, comme les cas d'abus envers des enfants, sont traités en priorité. Les autres font la queue.
« Il y a actuellement 174 dossiers en attente de traitement et 75 en attente d'évaluation. 1297 nouvelles demandes de services ont été retenues en 2014-2015, souligne M. Lemieux. Notre territoire s'agrandit considérablement au 1er avril, conséquence de la création du CIUSSS de l'Estrie qui dessert maintenant une partie de la Montérégie. On ne sait pas encore combien de dossiers supplémentaires atterriront sur notre bureau, mais on sait qu'il y en aura. »
Des moyens de pression pour inciter le gouvernement à réinvestir dans les centres jeunesses ne sont pas à exclure ces prochaines semaines, selon le président de la CSN en Estrie, Denis Beaudin.
« Les employés surnuméraires ont aussi été coupés alors qu'ils aidaient à désengorger le système, déplore-t-il. À moyen terme, on assistera à une reprise du mouvement de protestation contre le régime d'austérité libérale. Ce que les employés des centres jeunesses vivent est une conséquence directe de la vision austère du gouvernement. »