Dans le cadre du projet personnel de fin d'année des élèves au Programme d'éducation internationale de l'école Du Phare, Manuela Rolland a choisi d'aborder le thème du consentement en présentant à ses camarades de classe une conférence intitulée Non, c'est non!
Dans la foulée des événements qui ont fait les manchettes au cours des derniers mois et à l'ère du grand questionnement sur l'importance du retour de l'éducation à la sexualité à l'école, le sujet de Manuela ne pouvait pas mieux tomber dans le temps.
Pourtant, l'élève de secondaire 5 a choisi d'aborder ce thème en mai dernier, soit plusieurs mois avant le mouvement planétaire de dénonciation d'agressions sexuelles. Manuela Rolland, comme tous les autres finissants au Programme d'éducation internationale de l'école Du Phare, avait carte blanche (ou presque) sur le projet qu'elle devait présenter à ses enseignants.
Pendant que certains élèves ont choisi d'écrire une nouvelle littéraire, d'autres ont préféré fabriquer un livre de recettes ou être à la tête d'une activité sportive. Manuela, elle, a choisi de présenter une conférence sur le thème du consentement sexuel.
« Je suis bien contente de voir que mon sujet se trouve depuis quelques mois dans l'actualité, indique Manuela. Je connais des personnes qui ont été victimes d'une agression sexuelle ou d'un geste à caractère sexuel. J'ai bien essayé de les aider, mais elles refusaient d'en parler. Il y a eu des conséquences pour elles face à tout ça et c'est ce qui m'a donné envie de faire une présentation sur le sujet du consentement. Je voulais toucher un maximum de personnes. »
Manuela a fait des recherches, a scruté, analysé le thème du consentement sexuel pendant de nombreux mois. La bibliothèque et Agression Estrie-CALACS ont été ses alliés pour ce projet. « J'ai déménagé à quelques reprises dans ma vie; avant d'arriver à Sherbrooke, j'habitais en banlieue de Montréal et j'ai réalisé que le problème est généralisé et touche tout le monde de près ou de loin. »
Et comment, selon elle, doit-on s'y prendre pour aider une personne victime d'un geste à caractère sexuel, d'une agression ou d'un viol? « Il faut toujours l'écouter, la croire et ne pas lui poser de questions subjectives qui pourraient laisser sous-entendre que nous avons un jugement face à la situation », répond l'adolescente, qui compte bien présenter sa conférence à d'autres classes de l'école Du phare et, si l'occasion se présente, dans d'autres écoles secondaires de Sherbrooke.
Le retour de l'éducation sexuelle en classe
Dès septembre, le retour de l'éducation à la sexualité sera obligatoire dans les écoles du Québec. Ce grand retour apporte son lot de questionnement. Cette semaine, l'organisme Iris Estrie a publié un communiqué dans lequel il demandait à ce que les cours soient donnés par des intervenants formés.
Selon l'organisme, qui a pour mission de faire la promotion de la santé ainsi que la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), il s'agit d'un sujet qui peut être délicat pour certains. IRIS Estrie invite donc le gouvernement du Québec à faire appel à des personnes compétentes pour son programme sur l'éducation à la sexualité, prévu dès l'automne prochain dans les écoles.
« Pour le moment, on ne sait pas vraiment comment va s'implanter le projet d'éducation à la sexualité en septembre 2018, souligne Louise Lelièvre, intervenante et sexologue éducatrice chez IRIS Estrie. De notre côté, nos ateliers d'animation/formation sont prêts et ont des résultats positifs auprès des jeunes rencontrés depuis deux ans ».
Manuela Rolland, qui présentait ce matin même sa conférence devant une quarantaine d'élèves de secondaire 4, croit qu'il est important d'aborder le sujet de la sexualité à l'école, et ce, dès le secondaire 3.
« C'est sûr que c'est un sujet délicat, mais il est important d'en parler à l'école. Souvent, les jeunes préfèrent parler de ce sujet avec des adultes qui ne sont pas leurs parents. C'est un sujet tout de même tabou. La communication est la clé selon moi. Ces cours sont donc nécessaires pour les jeunes du secondaire », conclut l'élève de secondaire 5.
Sur les photos dans le texte, Manuela est entourée de ses enseignantes Marie-Claude Codère et Sylvie Messier, ainsi que d'un groupe d'élèves de secondaire 4.