La Fédération des coopératives d'habitation de l'Estrie mènera un projet pilote visant à évaluer un nouveau modèle d'accès à la propriété pour les ménages à plus faible revenu. En gros, le modèle propose que la coopérative, propriétaire du terrain, ne vende qu'une partie seulement du droit de propriété, une manœuvre qui permet de réduire considérablement le coût d'une habitation.
Trois projets sont sur la table de la Fédération, dont deux à Sherbrooke. L'organisme a obtenu l'aval de la Fondation de développement des coopératives d'habitation, un organisme créé au printemps 2015, pour réaliser cette première formule de coopérative de propriétaires.
« C'est un modèle unique au Québec, affirme le directeur général de la Fédération des coopératives d'habitations de l'Estrie, Guillaume Brien. La Fondation permet tout d'abord à la coopérative devenir propriétaire du terrain. Celle-ci ne vend ensuite qu'une partie du droit de propriété pour offrir des logements d'environ 1000 pieds carrés à un coût situé entre 130 000 et 150 000 $. »
Cette manœuvre assure aussi que les tendances inflationnistes n'iront pas miner le pouvoir d'achat potentiel d'autres familles advenant la vente d'une propriété. Un revenu familial brut de 60 000 $ suffirait pour acquérir et vivre dans ces demeures.
« Le coût de l'habitation restera entre 20 et 30 % moins chers que ce qui existe actuellement sur le marché tout en permettant aux propriétaires de bénéficier des avantages financiers qui viennent avec l'esprit coopératif du milieu », estime Guillaume Brien.
Un projet-pilote de quelques 120 logements
En tout, cinq immeubles seront construits au cours du projet-pilote. La première phase se réalisera sur la rue Nicolas-Scheib, non loin du plateau Saint-Joseph et consiste en deux immeubles de 24 logements chacun. Si tout va comme prévu, elle verra le jour à l'été 2017.
Un deuxième projet se réalisera à Waterville et consiste en douze logements dans deux bâtiments à construire.
« Ce sont des logements d'une grandeur d'un 5 et demi, mais sur deux étages. La particularité de ce projet est que les logements répondront à des normes d'efficacité énergétique supérieures, qui réduiront la facture de chauffage à environ 30 $ par mois. Ces logements seront disponibles à un prix oscillant autour des 150 000 $ », souligne M. Brien.
Miser sur l'innovation et la modernité
Un troisième projet consiste à un quartier de minimaisons, tel que proposé par le citoyen Richard Painchaud lors de la séance du conseil municipal du 2 mai dernier.
« Actuellement, la règlementation municipale exige un minimum d'environ 740 pieds carrés pour la construction d'une habitation. Une minimaison est en deçà de cette superficie. Le coût est plus élevé, à environ 80 000 ou 90 000 $ pour une unité équivalente à un 4 et demi, explique M. Brien. Les minimaisons forcent l'implantation du concept de communauté dans un quartier, comme ce que l'on retrouve autour d'un lac, par exemple. C'est très intéressant. »
Selon M. Brien, environ 200 personnes auraient déjà manifesté un intérêt pour l'achat d'une propriété en coopérative. Il y aurait également une belle ouverture à l'idée de « faire différemment », notamment chez les entrepreneurs et les architectes. La Ville de Sherbrooke a aussi signifié son intention d'étudier la proposition des minimaisons pour éventuellement adapter sa règlementation.
Une soirée d'information publique aura lieu le mardi 24 mai, de 19 h à 21 h, à la salle 102 de l'Édifice Jean-Byrns au parc André-Viger, dans l'arrondissement Jacques-Cartier.
Le 31 mai prochain, les personnes intéressées à développer un projet ou à faire l'acquisition d'une propriété pourront visiter une maison modèle à Waterville (201, rue Highland).
