L'annonce de la fermeture du distributeur de produits certifiés biologiques Aux mille et une saisons à Scotstown division UNFI Canada a eu l'effet d'une bombe chez quelques 40 employés qui se retrouveront sans emploi le 8 janvier prochain.
La direction torontoise de l'entreprise a rencontré les employés, jeudi passé, pour leur annoncer la mauvaise nouvelle et leur offrir la possibilité d'être transférés dans ses installations de Montréal. Au lendemain de l'annonce, vendredi passé, le coeur n'était évidemment pas à la fête chez les travailleurs. Une employée préférant garder l'anonymat mentionnait que certains prenaient bien la nouvelle alors que d'autres étaient en pleurs. « On essaie de ramasser les pots cassés. C'est un beau cadeau de Noël. »
Un appel a été logé auprès de Marie-Claude Héroux, directrice générale au centre de distribution à Montréal et responsable d'Aux milles et une saisons, pour obtenir des commentaires. Au bureau, on a fait savoir que Mme Héroux était en réunion toute la journée avec les membres de la direction de Toronto. Un appel a été fait sur son cellulaire, mais nous n'avions obtenu aucune réponse au moment de mettre sous presse.
Impuissance
Chantal Ouellet, mairesse de Scotstown, qui a rencontré la délégation de trois personnes ayant annoncé la mauvaise nouvelle aux employés, qualifie la rencontre « d'ordinaire. Ils m'ont dit que c'était pour des raisons de coût de transport, de rationalisation, de concentration des effectifs et de remaniement informatique qu'ils fermaient à Scotstown. Ce que je trouve plate, c'est que c'est une décision unilatérale sur laquelle on n'a aucune emprise. On aurait pu avoir une rencontre pour en parler, voir ce qu'on aurait pu faire avec les autres municipalités et voir avec nos organismes. On ne veut rien entendre. On dit que la décision vient d'en haut. »
Château de cartes
Évidemment, la fermeture de l'entreprise n'augure rien de bon pour la petite municipalité de 532 personnes. Scotstown est déjà fort éprouvée avec les fermetures au cours des dernières années que ce soit Shermag 84 employés, Bois Beauchesne 25 travailleurs et maintenant Aux mille et une saisons avec 35 personnes. Mme Ouellet compare la situation à un château de cartes qui s'écroule. « C'est sûr que c'est des revenus de moins pour la municipalité, mais aussi pour tout le monde. C'est des travailleurs qui ne mangeront pas au resto, qui n'iront pas au dépanneur, qui achèteront moins de gaz. Il y a peut-être des jeunes familles qui vont éventuellement déménager. » La mairesse y voit un risque de dévitalisation au moment où les autorités municipales font des pieds et des mains pour susciter des initiatives, améliorer la qualité de vie avec entre autres le projet de la petite église, la restauration du parc municipal avec des jeux d'eau, le développement de la piste cyclable dans le Parc régional du marécage des Scots en plus des efforts pour conserver l'école du village ouverte. « Ça vient nous démobiliser des nouvelles semblables, mais on va continuer sur les projets », de lancer avec conviction Chantal Ouellet.
Avec un brin de nostalgie, la mairesse mentionne qu'Aux mille et une saisons figurait parmi les fleurons de la municipalité, il y a pas si longtemps. « C'est Marc Périard et Diane Larivée qui ont parti les produits naturels chez eux à Bury, puis ils sont venus à Scotstown. Ça a grimpé jusqu'à 65 employés et vendu au milieu des années 2000. C'est une entreprise prospère d'ici et l'autre va continuer d'en jouir », de compléter la mairesse.
CLD
Dominic Provost, directeur général au CLD du Haut-Saint-François, ne cache pas l'impuissance du milieu face à cette décision. « La première chose, on essaie d'organiser une rencontre conjointe CLD et CLE (Centre local d'emploi) avec l'entreprise. Présentement, on est plus en train d'essayer un canal de communication pour voir la suite. On a réussi à les faire demeurer ici avec un projet en 2011, mais forcés d'admettre que cela a été temporaire. » M. Provost laisse entendre que l'objectif de la rencontre portera davantage sur divers aspects postfermture comme les bâtiments et autres en plus de parler évidemment de reclassement. Que ce soit du côté des organismes ou de la municipalité de Scotstown, on semble résignés à devoir composer avec le pire.