Récemment de retour en studio pour
terminer son 19e et ultime album en carrière, Luc Cousineau a dû
faire face à l'un des plus grands deuils de son existence. Sa voix ne répond
plus adéquatement. Qu'à cela ne tienne, il a choisi de « travailler dans le
sens de la vie ».
Atteint de la sclérose latérale
amyotrophique (SLA), aussi appelée maladie de Lou Gehrig, Luc Cousineau avait
déjà dû faire une croix sur la guitare il y a plus d'un an.
« Ça me faisait de la
peine, mais je me disais que mes amis allaient jouer pour moi et que je pourrais
quand même faire des spectacles, dit celui que le public a découvert au milieu des années 1960 au sein du groupe
Les Alexandrins. Aujourd'hui, la maladie m'empêche de penser comme ça. »
C'est que maintenant,
c'est au tour de la voix d'être touchée. Et c'est en studio que Luc Cousineau
l'a constaté. Il travaillait alors à peaufiner Tant qu'il y aura une chanson, un album qu'il avait laissé de côté
avant même qu'il ne lance Le Gars, là,
son 18e opus.
« J'ai refait les textes de deux
des chansons et quand je suis arrivé à l'une d'elles, mon ingénieur de son m'a
dit qu'il ne reconnaissait plus ma voix. J'ai écouté et non seulement ça,
je n'étais même pas sur la note. Le muscle ne répondait plus. J'étais démoli »,
raconte celui à qui l'on doit plusieurs grands succès de la chanson québécoise
dont Vivre en amour.
L'artiste avant le chanteur
C'est complètement dévasté que
Luc Cousineau est retourné chez lui, à Eastman, ce soir-là. Son gendre, le
comédien Patrick Goyette, l'y attendait.
« Je lui ai fait entendre la
chanson, qui s'appelle Si je le pouvais.
Il m'a dit de regarder ça différemment, qu'il y avait une fragilité. Il a
insisté et effectivement, je suis allé dans un créneau que je n'avais jamais
exploité qui était de dire et chanter, d'être sur la coche plutôt que sur la
note. Ça a été difficile parce qu'il a fallu que j'accepte d'oublier le
chanteur pour aller chercher l'artiste au fond de moi », confie-t-il.
Continuer d'exister
Ce douloureux épisode aura aussi
eu de positif qu'il a amené l'auteur-compositeur-interprète à aborder la
maladie autrement. Autant il a voulu faire la guerre pendant des mois à la SLA,
autant il refuse aujourd'hui de lui accorder plus d'importance qu'elle ne le
mérite.
« Au départ, j'étais
excessivement combatif. Mais dernièrement, j'ai changé mon fusil d'épaule. J'ai
eu l'impression que je donnais de la matière à la maladie pour me combattre.
Alors je me dis, qu'elle fasse ce qu'elle a à faire et moi, je vais faire ce
que j'ai à faire, lance l'homme avec conviction. J'ai décidé de travailler plutôt
dans le sens d'être dans la vie, d'avoir des projets, de continuer à exister. »
Tant qu'il y aura une chanson en est le meilleur exemple. En plus
de 10 chansons originales, cet album double contient l'intégral du disque Cousineau enregistré en 1973. Trois des
plus grands succès de la carrière de Luc Cousineau s'ajoutent aussi à l'album. Une partie des ventes sera
versée à la Société de la SLA du Québec.