C'est hier qu'était lancé le clip de la chanson Pleurer
des soleils tirée du plus récent album de David Goudreault, Le nouveau
matériel. Fait intéressant, c'est un trio d'étudiants du Cégep de
Sherbrooke qui en a assuré la conception et la réalisation, après qu'une des
leurs ait osé proposer ses idées à l'auteur, son idole. Et on dit des jeunes
qu'ils sont paresseux, indifférents?
« Tu dis qu'le monde est gris. Rempli de monde aigri. Faudrait
pleurer des soleils... » tels sont les mots que chante Louis-Jean Cormier en duo
avec David Goudreault. Un beau contraste de voix, d'ailleurs, qui portent des
mots tout aussi beaux.
On constate que le monde est loin de n'être que gris et
aigri quand on jase avec Riziki Mkandama, étudiante en sciences humaines au
Cégep de Sherbrooke, slammeuse et artiste multidisciplinaire engagée.
Un titre qui veut dire beaucoup
C'est le titre Pleurer des soleils qui a d'abord
interpelé Riziki, déjà adepte du travail de l'auteur et slammeur David
Goudreault. « Pleurer des soleils... ces mots-là m'ont touchée. Ça m'a rappelé
qu'on a tous nos propres nuances, nos contradictions, nos extrêmes. Quand j'ai
découvert la chanson, en décembre, j'ai ressenti la mélancolie, l'état
incertain dans lequel je me suis sentie tout au long de mon adolescence. J'ai
vu plein d'images. », raconte Riziki.
Elle décide donc de contacter David Goudreault via Instagram
pour lui témoigner son appréciation de la chanson. Elle pousse même
l'audace jusqu'à lui proposer des idées pour un éventuel vidéoclip.
« Je n'en reviens pas d'avoir osé, je ne sais pas ce qui m'a
poussée à le faire! », s'étonne la jeune femme. Mais aussi cliché que ce soit,
voir grand et foncer, croire en ses rêves... ça ouvre de beaux horizons.
David Goudreault offre carte blanche et un petit budget de
production à Riziki et ses acolytes pour concevoir le clip de la chanson. Il
confie la supervision du projet à Pascal Morissette, chargé de projet en
entrepreneuriat au Cégep de Sherbrooke.
Former une équipe et réaliser un rêve
Rapidement, l'excitation se transforme en projet plus grand
que nature. Riziki contacte son ami Louis-Charles Blais, étudiant en gestion de
commerces et passionné de production vidéo et de réalisation. Ensemble, ils
créent le scénario qui donne vie aux idées et émotions qui se bousculaient déjà
dans la tête de Riziki. Pour s'assurer de livrer le tout d'une façon à la fois
créative et professionnelle, Riziki et Louis-Charles font appel à une étudiante
en graphisme, Chloé Salaün-Dahl. Malgré son jeune âge, Chloé possède déjà une
expérience significative en direction artistique et en photographie.
Les contraintes de la pandémie, les horaires scolaires
chargés et les emplois en parallèle ne freinent pas l'enthousiasme du trio de
créateurs. Supportés et encadrés par Pascal Morissette, ils s'adjoignent
également d'une expertise précieuse au niveau du jeu d'acteur. Jérémy
L'Espérance, comédien sherbrookois, agit gracieusement à titre de coach tout
au long de la réalisation du clip en plus d'y faire une apparition. Riziki,
actrice principale du clip, se dit grandie de cette expérience autant sur le
plan professionnel que personnel.
« Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma reconnaissance.
Je n'arrive toujours pas à croire que David m'ait accordé cette confiance-là,
cette chance-là. », raconte-t-elle avec émotion.
Quand d'une chanson naissent des images
En visionnant le clip, on se retrouve happé par l'émotion de
la protagoniste, incarnée par Riziki. Les plans de caméra, passant de très étroits,
étouffants presque, à larges et ouverts, sont efficaces. Un amalgame de vécu,
de souffrance, de croyances, mais aussi d'espoir se dégage de la trame
narrative. C'est une histoire d'émancipation, de retour à soi, d'acceptation de
qui on est, peu importe, le regard d'autrui.
« Quelque part dans la chanson, ça dit que tu regardes le
monde, mais que le monde ne te regarde pas. Je n'en ai pas vu beaucoup, moi,
des noirs tenir un rôle fort, brillant. C'est violent quand on est jeune de ne
pas avoir de modèle, de personne à qui s'identifier. Avec la visibilité qui
m'est offerte par ce clip-là, je redonne un peu à la petite fille blessée que
j'étais. »
Un artiste généreux
Rejoint par téléphone, David Goudreault se dit impressionné
par le travail du groupe d'étudiants. « Quand tu confies la réalisation d'un
clip à quelqu'un, tu acceptes la vision de l'autre, l'interprétation de la
chanson à travers ses émotions. Avec le clip de Pleurer des soleils,
j'avais une curiosité de voir la vision d'une jeune femme, à travers son art et
son vécu. »
L'auteur a apprécié ne s'être aucunement ingéré dans le
processus. Il se sentait en confiance puisque les jeunes étaient bien entourés,
et il a pu bénéficier d'un bel effet de surprise. Le résultat lui plait et il
salue le courage de Riziki qui a su s'approprier habilement la chanson et qui
plus est, a osé se tracer un chemin vers un projet qui lui tenait à cœur.
L'auteur sherbrookois aime faire rayonner le talent de sa
région. Il a d'ailleurs l'habitude de confier la réalisation de ses clips à des
artisans de l'Estrie ; Anh Minh Truong, Marie-Lou Béland, Véronique Vigneault. « Je
crois qu'on peut faire du grand art en région, et particulièrement en Estrie! »,
affirme-t-il haut et fort.
« Ils ont déposé un soleil dansant sur la grisaille de l'époque »,
affirme David Goudreault en présentant le résultat du travail du groupe
d'étudiants. Comme toujours, il a les mots justes. On ne saurait mieux décrire
cette belle jeunesse inspirée et inspirante. Pleurer des soleils, ça fait aussi
naître l'espoir.
Pour visionner le vidéoclip en question, c'est ici.