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Que reste-t-il des États-Unis d’Amérique ?

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 2 novembre 2022

Depuis plus de 20 ans, je suis un téléspectateur assidu de l'émission déjantée Infoman diffusée à Ici Radio-Canada. La semaine dernière, nous avons eu droit à un pot-pourri de publicités électorales américaines des républicains, qui ma foi donnait des frissons. Armes d'assaut bien en vue, propos incohérents sur le grand mensonge, guerre culturelle, tout y passait. On peut en rire, mais c'est à pleurer.

Il ne faut pas croire que ces élucubrations au sud n'ont aucun effet et ne se font pas ressentir ici plus au nord chez nous. L'élection à la tête du gouvernement conservateur de l'Alberta, la leader Danielle Smith, une ancienne radicale de droite qui s'est transformée en complotiste en chef de l'Ouest canadien, en constitue un exemple éloquent. La démocratie libérale est à la dérive. Même le journalisme n'a plus la cote comme l'indique le sondage sans prétention de l'émission de TVA du vendredi soir Le monde à l'envers de Stéphane Bureau, près de 70 % des téléspectateurs de ce dernier vendredi n'ont plus confiance aux journalistes. Cela explique pourquoi le résultat des élections américaines de mi-mandat du 8 novembre prochain est important pour mesurer l'ampleur de la crise de la démocratie aux États-Unis bien sûr, mais aussi ailleurs en Occident et chez nous bien sûr. Les frontières des idées sont de plus en plus poreuses entre nos deux pays. Le point sur les élections américaines de mi-mandat.

Les effets délétères du trumpisme

Les États-Unis ne se portent pas bien. Les effets délétères du trumpisme se font de plus en plus sentir. Sans compter que l'ancien président est toujours présent et qu'il pèse de toute son influence sur les destinées des États-Unis d'Amérique. Une forte majorité de candidats républicains croient et professent le grand mensonge de l'élection volée et de l'illégitimité du président démocrate actuel Joe Biden. Pire encore, dans plusieurs États des partisans de l'ex-président Donald Trump prennent le contrôle des postes clés dans le processus électoral pour ainsi, si nécessaire, invalider les résultats des prochaines élections. Nous savons que pour les partisans de Trump et les représentants de l'extrême droite américaine, une élection juste et légitime ne peut qu'élire des représentants républicains. La déliquescence d'une démocratie se mesure à l'aune du respect de conventions établies et de règles respectées par tous les participants sinon la démocratie ne peut exister. La confiance n'est plus là dans les institutions et cela pave la voie à toutes les dictatures. L'épiphénomène du trumpisme est en voie de se cristalliser en une donnée permanente de la vie politique américaine venant contribuer à détruire la démocratie libérale aux États-Unis. Cela doit préoccuper les Canadiens que nous sommes. Ce qui se passe au sud pourrait bien surgir ici au nord. L'attitude du nouveau chef conservateur canadien Pierre Poilièvre envers la presse parlementaire à Ottawa est un signe annonciateur de la vision de ce dernier sur la démocratie canadienne. Plus près de nous encore, certains membres du parti conservateur d'Éric Duhaime plaident à une élection frauduleuse au Québec. Nous ne sommes pas à l'abri des illibéraux.

Les enjeux des élections de mi-mandat

Les États-Unis comme les autres pays du monde sont aux prises avec des problèmes d'inflation qui rendent la vie difficile aux Américains. Le coût de la vie est le problème no 1 des États-Unis. Nous savons comme l'a dit un jour de 1992, James Carville, le stratège du président Bill Clinton, « It's the economy, stupid ». L'inflation actuelle repose sur plusieurs causes dont le bris des chaînes d'approvisionnement faisant suite à la pandémie, la pénurie de la main-d'œuvre, la guerre en Ukraine et des facteurs liés au prix de l'énergie.

Outre l'enjeu de l'inflation, nos voisins sont en pleine guerre culturelle où s'affrontent les adeptes de la culture de l'annulation et l'extrême droite qui prend racine notamment dans des mouvements étudiants. Les universités sont au cœur d'une guerre culturelle féroce et on assiste à une radicalisation des forces réactionnaires et conservatrices sur les campus américains. Le polémiste Charles Kirk, président de Students for Trump et co-fondateur du groupe conservateur Turning Point, dispose d'un fonds de guerre de plus de 40 millions de dollars pour faire taire les professeurs radicaux, entendre libéraux et démocrates, sur les campus. Au programme, on prône la suprématie blanche, on veut combattre la mutilation génitale des enfants transgenres, la théorie critique de la race et combattre le fléau de l'immigration illégale. Nous sommes au cœur d'une guerre culturelle qui fracture les États-Unis.

D'autres enjeux sont importants comme la violence armée, les tueries répétitives, l'avortement, mais l'environnement et la lutte aux changements climatiques n'est pas une préoccupation majeure de l'électorat. L'ombre de Trump plane et malgré ses ennuis avec la justice américaine, il est de plus en plus probable qu'il soit candidat républicain à la présidence pour 2024 et incroyable, mais vrai, il aurait d'excellentes chances de remporter la mise. Une fois revenu au pouvoir, Trump s'empressera de mettre fin à la démocratie faisant ici naître dans la réalité une nouvelle république Gillian imaginée par la romancière canadienne Margaret Atwood.

La fiction peut-elle devenir réalité ?

Que raconte Margaret Atwood dans son roman dystopique La servante écarlate ? Une histoire crédible pour donner une idée de l'avenir des États-Unis. Voyons ce qu'en raconte Wikipédia :

« Dans un avenir rapproché, la pollution environnementale, les maladies transmises sexuellement ont entraîné une dramatique chute du taux de fécondité qui se traduit par un taux de natalité très bas incapable de renouveler la population. C'est alors qu'une secte politico-religieuse, les "Fils de Jacob", protestante de type restaurationniste et aux accents fondamentalistes, en a profité pour prendre le pouvoir, en détruisant la Maison-Blanche, la Cour Suprême et le Congrès lors d'un coup d'état. Une partie des citoyens américains survivants, ayant échappé à l'emprisonnement, se sont réfugiés au Canada, et un gouvernement d'exil a été formé à Anchorage.

Dans cette version dystopique et totalitaire de la République de Gilead, les dissidents, les homosexuels et les prêtres catholiques sont condamnés à mort, par pendaison, ainsi que toute personne enfreignant les dures règles imposées (ou soupçonnée de le faire). Les déficients mentaux ont été éliminés. De très nombreuses analogies avec le régime hitlérien, le 3e Reich, les épisodes historiques d'épuration ethnique et les camps de la mort, sont perceptibles au fil des différentes saisons. Le régime peut faire penser à ceux de Franco ou Pinochet.

Les relations hommes/femmes obéissent dorénavant à des règles très strictes. Le pouvoir est totalement aux mains des hommes. Une élite occupe les fonctions de commandement, au sein de ce régime, tandis que les autres servent celui-ci, notamment au sein d'une milice omniprésente.

Les femmes ont été déchues de leur statut de citoyennes à part entière. Elles ne peuvent ni travailler, ni posséder d'argent, ni être propriétaires, ni lire, ni écrire. Elles sont toutes placées sous une surveillance quasi permanente. Elles sont d'autre part catégorisées et hiérarchisées, selon leur fonction. » (Source : Wikipédia série télévisée.)

Cette dystopie imaginée par Margaret Atwood deviendra-t-elle réalité sous une forme ou un autre dans un avenir proche ? Quels en seront les effets sur le Canada, sur les démocraties libérales ? Après l'élection de mi-mandat aux États-Unis, que restera-t-il des États-Unis d'Amérique ?


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