Grâce à une subvention de l'Agence spatiale canadienne, une équipe de futurs ingénieurs de l'Université de Sherbrooke concevra d'ici trois ans un satellite de la taille d'une pinte de lait qui sera envoyé dans l'espace via une fusée. Sa mission sera de mesurer le champ magnétique à l'aide de nouveaux capteurs.
C'est à une vitesse de 28 000 km/h que le nano satellite conçu par l'Université de Sherbrooke prendra la direction de l'espace en 2021. Il sera placé sur une fusée et décollera de la Terre pour aller rejoindre la Station spatiale internationale (SSI). Pendant sa mission de quelques mois, le nano satellite ou CubeSat fera le tour du monde environ 15 fois par jour.
Au total, 15 subventions de plus de 200 000 $ ont été remises au pays dans le cadre de l'Initiative canadienne CubeSat. Au Québec, c'est l'Université de Sherbrooke qui a eu ce vote de confiance. «L'Institut quantique de l'Université de Sherbrooke est extrêmement fier de participer à ce projet interdisciplinaire et mobilisateur», a indiqué la semaine dernière David Roy-Guay, étudiant post-doctoral en génie électrique de l'Institut quantique du projet QMSat.
D'ici les trois prochaines années, M. Roy-Guay comptera sur une équipe d'étudiants en génie électrique et génie mécanique pour réduire un magnétomètre quantique à base de diamant afin qu'il puisse être intégré dans le CubeSat. « Ils [les étudiants] devront réduire le prototype actuel qui est de la taille d'un ordinateur portable à un cube de 10 cm d'arrête, a précisé le docteur en physique quantique. Un défi colossal, mais qu'ils peuvent réaliser. Ce CubeSat nous permettra d'être à l'avant-garde de la recherche et de l'éducation des sciences des matériaux, de l'informatique et de l'ingénierie quantique. »
Un processus d'apprentissage
Tout au long de la démarche, les étudiants de l'Université de Sherbrooke acquerront plusieurs connaissances. « C'est un projet de formation, a souligné Julien Sylvestre, professeur en génie mécanique. Ce qu'on vise, c'est de sensibiliser et former les futures générations d'étudiants pour les technologies spatiales. »
« Le magnétomètre mesure le champ magnétique de plusieurs applications comme au niveau de la surveillance de l'activité solaire, de l'impact sur le système de GPS [et bien d'autres], a-t-il ajouté. Avant tout, le projet démontrera un nouveau type de capteur pour les champs magnétiques dans l'espace. »
Afin de trouver des solutions ou pour échanger de l'information, les équipes pancanadiennes collaboreront durant la conception, la fabrication et la mise en fonction de leur satellite.
« Les enjeux seront beaucoup au niveau de la consommation électrique, a confirmé M. Sylvestre. Dans l'espace, il n'y a pas beaucoup de puissance et les batteries sont chargées par panneaux solaires. La moitié du temps, le satellite sera dans l'ombre de la Terre. Il n'y aura donc pas beaucoup de lumière. La structure devra également être robuste. »
« C'est un beau défi, mais on doit assurer la fiabilité du satellite pour que tout se passe comme prévu, a affirmé le professeur en génie mécanique, David Rancourt. S'il arrive quelque chose dans l'espace, on ne pourra pas le réparer. »
Durant cette conception de nano satellite, une sensibilisation sera faite auprès du public secondaire ou collégial. L'UdeS souhaite exposer les jeunes aux technologies de l'espace et les faire rêver pour qu'ils poursuivent leurs études en sciences physiques.