Aujourd'hui, 92 % des enfants en Estrie sont vaccinés
contre le virus de la varicelle-zona (VVZ) qui, autrefois, était considéré
comme des plus bénins. Qu'est-ce qui explique que la varicelle ait nécessité
une campagne de vaccination pilotée par la Santé publique?
Plusieurs se souviendront des « partys de picote » ou la
joie des parents de voir qu'un de leurs enfants rapporte le virus à la maison. On ne passerait qu'une semaine dans l'enfer du grattage, puis,
ce serait terminé.
La question posée aux
experts
Pour comprendre ce changement de comportement de la
population vis-à-vis du virus et la popularité du vaccin, Estrieplus.com a sollicité
l'aide de la docteure Geneviève Baron, médecin spécialiste en santé publique et
médecine préventive.
«La varicelle a toujours été une préoccupation. Les enfants
font majoritairement une infection bénigne, sans complications, explique
docteure Baron. Cependant, plusieurs ont été hospitalisés et malheureusement,
il y a eu des décès. Ce sont ces cas qui nous préoccupent particulièrement. »
Selon les statistiques de l'Institut national de santé
publique (INSP), il y avait environ 350 000 cas de varicelle au Canada avant l'introduction du
programme de vaccination, en 1998. Annuellement, 1500 cas menaient à une
hospitalisation et, malheureusement, entre 5 et 10 patients infectés décédaient.
« Quand le vaccin a été prêt, les gouvernements du Québec,
du Canada et des États-Unis ont décidé de mettre en place un programme de
vaccination. Un décès dû à la varicelle, alors qu'un vaccin existe, c'est un
décès de trop, explique dr. Baron. Le vaccin permet de contracter le virus,
mais en une version atténuée. Le virus n'est pas assez fort pour que la maladie
se développe comme on la connaît, mais juste assez pour que les anticorps se
développent et la reconnaissent dans le futur. »
Les complications
sont rares, mais existent
Statistique intéressante : les deux tiers des enfants
de moins de 12 ans hospitalisés étaient en bonne santé. La principale raison menant
à un séjour à l'hôpital? Une infection de la peau.
Dans certains cas, il s'agit d'infection à streptocoque
du groupe A, communément appelée bactérie mangeuse de chair. Ces complications sont
toutefois rares, selon l'INSP (moins de 3 %).
« Mais ce qui ne paraît pas dans les statistiques, ce sont les
enfants qui ont connu des complications sans être hospitalisés », souligne dr.
Baron.
Selon la spécialiste, trois choses sont à surveiller,
advenant une varicelle. La première, une infection de la peau qui se
traduit par des rougeurs ou de la douleur à l'endroit gratté. Au début, la
fièvre est rare, mais elle accompagne toujours des complications.
« On ne peut jamais savoir chez quel enfant les choses vont
se compliquer, les statistiques le prouvent, affirme Geneviève Baron. Parfois,
cela mène à une pneumonie ou encore à une encéphalite, une infection du
cerveau. »
Répercussions à long terme
Aussi, entre 10 et 30 % des personnes qui ont eu le « bonheur » de se gratter pendant leur enfance développerait un zona une fois adulte,
plus particulièrement lorsque le système immunitaire s'affaiblit.
« Le zona fait partie du virus et il va se loger dans les
nerfs. Il tombe alors en dormance, explique la médecin. Il peut être réactivé,
typiquement quand le système immunitaire devient plus faible, comme chez les
personnes âgées. Sa caractéristique est de causer des douleurs intenses lorsqu'il
se développe. »
Le vaccin contre la varicelle n'est pas
obligatoire et exige toujours un consentement éclairé de la part des parents. Contrairement
à d'autres provinces, le Québec n'a pas voulu rendre obligatoire
certains vaccins afin de respecter l'autonomie des gens de décider pour
eux-mêmes et leurs enfants.
Crédit photo: Sura Nualpradid/freedigitalphotos.net